Enfantement, douleur ou voyage

Avant propos

La douleur des contractions, de l’enfantement. Elle est un axe de recherche, un sujet de réflexion, une source d’inspiration depuis la “conception” de “FAUT PAS POUSSER !”

La première question qui se pose lorsque l’on évoque un accouchement sans péridurale, c’est : 

“Mais pourquoi faire le choix de la douleur* ? c’est absurde !” *douleur des contractions

Introduction

Trois naissances

Bébé 1

Pour la naissance de mon premier  enfant, j’ai fait le choix d’un accouchement à domicile. J’ai choisi d’accoucher chez moi parce que je n’avais pas envie qu’on me dise quoi faire, qu’on m’infantilise, qu’on me suggère que la grossesse et l’accouchement relèvent nécessairement de la pathologie et que j’avais besoin d’eux. Je pensais justement le contraire. Je me disais que, comme n’importe quelle “femelle”, je saurai quoi faire le moment venu. Que mon corps et mon bébé œuvreraient de concert et que la naissance se ferait en douceur, pour peu que mon neo-cortex ne vienne pas tout gâcher avec des considérations intellectuelles qui n’avaient, j’en avais l’intuition, absolument rien à apporter dans ce dossier.
Jusqu’à la naissance de ce premier bébé, la douleur des contractions restait abstraite puisqu’inconnue, et je ne la redoutais pas.
C’est sans doute pour cela que je garde un merveilleux souvenir de cette naissance. A aucun moment je n’ai eu peur de la  douleur. Ni peur que les choses ne se compliquent. J’ai vécu cette journée comme une parenthèse magique, au chaud dans ma bulle, avec mon chéri, discret, présent et confiant. Et une bonne amie ayant l’expérience de la naissance puisque maman de deux enfants. Deux accouchements sans péridurale. Le deuxième à la maison, sans sage-femme puisqu’elle était en voyage le jour J.
Lili était là, confiante. Mon chéri aussi. Et mon bébé en super forme.
Ce fut une naissance merveilleuse.
J’ai eu mal. Intensément.
Cette  douleur reste pour moi un voyage initiatique.

Bébé 2

Pour mon deuxième, c’est la peur de déchirer* qui a teinté la naissance. Parce que l’expulsion du premier avait été… un peu brutale 🙂.
Une fois la tête visible, j’ai eu peur qu’il ne se sente coincé et j’ai poussé fort, trop fort. Bilan : super déchirure. J’ai du recourir aux mains expertes des couturières de la maternité. Super boulot !
Donc pour bébé 2, la peur de déchirer. Mais jamais la peur que les choses ne se compliquent. Finalement, une naissance facile et une éraillure.

* déchirure naturelle du périnée.

Bébé 3

Et pour bébé 3, j’ai eu peur de la douleur. Avec un début de travail à 2h00 du matin, le manque de sommeil rend la douleur des contractions plus difficile à accueillir. Elle submerge. Elle emporte tout. Les vagues, comme celles de l’océan, nous ballottent ; on n’est rien au milieu de la tempête. Puis la vague meurt et nous laisse échouée sur le sable. Avant qu’une autre arrive.
Le manque de sommeil est une chose que j’ai beaucoup de mal à accueillir. C’est une affaire personnelle. Je connais des personnes qui peuvent passer outre. Pas moi. Mon sommeil c’est sacré 😉


1 • Fonction de la douleur ?

Selon l’article “Douleur” de Wikipedia
“La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle  ou potentielle, ou décrite en termes d’une telle lésion”

Le rôle de la douleur en général

La  douleur joue un rôle essentiel : celui de messager pour que celui qui la ressent sache que quelque chose ne va pas et fasse le nécessaire pour résoudre le problème.
Il arrive que le circuit de transmission de la douleur soit endommagé et que l’information ne circule pas normalement. Deux conséquences possibles :

  • Malgré une lésion, la victime ne ressent pas de douleur. Je pense à quelqu’un que j’ai connu et dont les fibres nerveuses de la mains étaient endommagées. Un jour, discutant dans la cuisine d’un ami, il s’était appuyé a un meuble et avait posé sa main derrière lui, sur une plaque encore chaude. C’est son nez qui a donné l’alarme. Ne pas ressentir de douleur peut avoir des effets catastrophiques.
  • En ressentir sans raisons – c’est la le deuxième dysfonctionnement possible – tout aussi terrible. Les douleurs chroniques, conséquence d’erreur d’aiguillage dans le système nerveux, rendent la vie bien difficile.

Nous devons donc nous réjouir de n’être ni dans un cas, ni dans l’autre, et de ressentir la douleur juste quand il faut.

La douleur des contractions, de l’accouchement

Mais quid de la douleur de l’enfantement ? Elle n’a aucune fonction déterminante, ne donne en général aucune indication quant à une possible complication : placenta praevia, procidence du cordon, risque d’hémorragie. Alors ?
Oui, pour moi, la  douleur a été présente à chaque fois. Et la peur est venue l’amplifier. Et au fil de mes années de grossesse et d’allaitement, et jusqu’à aujourd’hui, j’ai cherché à comprendre pourquoi ? Pourquoi enfanter n’est-il pas plus facile ? Et pourquoi faire le choix de cette douleur alors qu’il existe une solution pour l’effacer ?
Et puis, au fil de l’eau, la brume s’est dissipée et quelques réponses sont apparues.

La douleur des contractions au service de l’attachement

D’abord, il n’y a rien de plus merveilleux que la plénitude que l’on ressent au moment  ou l’on prend son bébé dans ses bras après des heures d’une intensité jusqu’ici inconnue, d’un déferlement de puissance, d’émotions. Le calme après la tempête. C’est une sensation indicible. Je ne me suis jamais sentie aussi forte, aussi bien, aussi confiante en moi et en la vie que pendant les premières minutes qui ont suivi la naissance de chacun de mes trois fils.
Et je suppose que cela crée des connexions dans le cerveau : l’image de bébé correspond à une sensation merveilleuse. Bébé devient mon antalgique, ma vitamine, ma cocaïne 🙂
Plus question de vivre sans lui. Il devient instantanément ma raison de vivre. Et sa vie, plus importante que la mienne.
Et à l’époque ou les bébé naissaient dans des grottes plutôt mal chauffées et cernées par les ours et autres tigres à dents de sabre, il était plutôt salutaire pour ce petit être fragile, d’être la prunelle des yeux de sa maman.
Si l’on enfantait aussi facilement qu’une poule pond un œuf, il est probable qu’il y aurait davantage de bébés abandonnés aux griffes de l’ours…

NB : Observons un instant la différence de comportement entre une femelle manchot empereur et une poule. La manchote (oui oui, j’ai vérifié 🙂 ne pond qu’un oeuf par an, dans un environnement hostile au bon développement du bébé dans sa coquille. Et le couple consacre toute son énergie à la protection de ce bébé. Voir le magnifique film « La marche de l’empereur ».
Quant à nos chères poulettes, je leur pique leur oeuf chaque jour et ne décèle aucune expression de désespoir sur leur visage emplumé ! CQFD 🙂


Bien sur, cet attachement se fait par d’autres voies. Et tout comme on peut aimer sans réserve un enfant que l’on n’a pas porté, on peut tomber amoureuse de son bébé, même après avoir passé son accouchement a surfer sur FaceBook. C’est en général le cas pour les papas. Mais on ne connaitra pas ce shoot magique d’ocytocine naturelle.
Et c’est, selon moi, se priver d’un voyage fantastique. Toutefois on peut comprendre que la douleur ne soit pas une option pour bon nombre de mamans. Seulement il est à déplorer que ces mamans ne soient que très rarement suffisamment bien renseignées pour réellement choisir.

C’est la vocation de  mon documentaire « FAUT PAS POUSSER ! » 
Toutes les infos sur comment voir le film ICI. Je ferme la parenthèse.

La douleur des contractions comme guide

Il est instinctif de chercher à soulager sa douleur.
Pour ce qui concerne la douleur des contractions, de l’enfantement, le mouvement devient un allié. Chercher une position qui soulage et qui évolue au fil du travail (assez rarement allongée sur le dos les pattes en l’air… LOL … Le fameux décubitus dorsal … j’y reviendrai dans un prochain article). Bouger pour sentir. Bouger instinctivement, guidée par la  douleur et plus largement les sensations dans tout le corps. Bouger pour utiliser la gravité, faire tourner bébé, le faire descendre, soulager un appui … Sans vraiment savoir pourquoi, la femme bouge, et ses choix de positions et de mouvements sont toujours favorables à un  accouchement facile.
Bien sur, la péridurale est une solution radicale pour soulager la douleur des contractions. Avec elle, plus besoin de bouger, seulement observer passivement ses sensations, attendre les consignes du personnel soignant, et peut-être même s’ennuyer …
Je n’ai pas souvenir de m’être ennuyée pendant mes accouchements 🙂 ET pour tout vous dire, je trouve ça très triste.

La douleur comme invitation à la transe

Depuis le temps que j’écoute et lis des récits de naissances, toujours avec le même appétit, je suis sure d’une chose : tenter de lutter contre la douleur l’amplifie. C’est valable pour une crampe au mollet, ça l’est aussi pour les contractions. Mais bien sur, lutter contre la lutte ne donne rien de bon non plus. Vous me suivez ? Pour renoncer à lutter, il faut débrancher son cerveau.
J’y reviendrai un jour dans un prochain article, consacré à l’hypnose et à la transe.
C’est là qu’une petite coupette de Champagne peut faire des miracles. Dixit Michel Odent. Pour ne plus penser, ne plus lutter, observer d’en haut, voir décoller vraiment.
Je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous ce petit dicton de sages-femmes : ” Cerveau lisse, vagin qui glisse ” 🙂

Attention, il ne s’agit pas d’intelligence, mais plutôt de mise au repos du NeoCortex, encore lui.
En bref, l’accouchement est une occasion rare de se plonger dans la très en vogue “Méditation de pleine conscience”. Pour une fois, je trouve que la “tendance” a du bon.

Pour ma part, bien que pas encore assez assidue, je pratique régulièrement la méditation et je pense que lui consacrer un moment chaque jour devrait être une évidence, comme le sport et le sommeil. Mais bon.


Voir plus bas “Cette  douleur est-elle une fatalité ?

2 • Douleur ou souffrance ?

Dans le même article de Wikipedia, il est évoqué une expérience d’évaluation de la douleur sur deux populations. La première étant constituée de soldats, la seconde de civils. Pour des lésions comparables, le niveau de douleur n’est pas le même car il passe par le filtre de la signification. Par le Neocortex !

  • Pour les soldats, la blessure est synonyme de retour à la maison et de reconnaissance, et la douleur devient supportable.
  • Tandis que pour les civils, la blessure signifie être diminué, perdre son emploi, et la  douleur devient intolérable.

C’est là que réside la nuance entre douleur et souffrance. La seconde est le fruit de l’interprétation de la première.
Pour ce qui est de l’accouchement, puisque la douleur ne signifie rien de grave, il suffirait d’en rire pour ne plus en pleurer. Facile à dire.
On l’a longtemps appelé “Le mal joli : dés qu’il disparait, on en rit !”.
Surtout les hommes et les femmes ménopausées… 🙂
C’est pourtant vrai : si l’on n’écoute pas la  douleur, si on ne l’attend pas, si on ne lutte pas contre elle, elle disparait. La peur de la  douleur amplifie la  douleur.
J’ai recueilli beaucoup de témoignages et voici ce qui en ressort :

  • Un nombre infini de femmes expriment des regrets quant à leur accouchement : impression de ne pas avoir été actrice, de ne pas avoir senti, d’avoir été infantilisée par le staff médical
  • Mais où est le problème puisque : MAMAN ET BÉBÉ VONT BIEN ?!?!
  • La plupart du temps, les femmes ayant vécu un accouchement avec péridurale et un autre sans péridurale par choix gardent un meilleur souvenir de leur accouchement sans péridurale.
  • Celles qui voulaient la péridurale et n’ont pas pu l’avoir en sont généralement traumatisées. Elles ont lutté, espéré, attendu, souffert sans jamais se jeter dans leur accouchement et ça a été une expérience affreuse.
  • J’ai noté le témoignage de deux femmes contrariant mes suppositions : elles ont tenté le sans péri. C’était leur choix. Et finalement, ce sont leurs mots : plus jamais ça ! 

3 • Cette douleur a-t-elle une source identifiable ?

A ce stade, et sachant que cette douleur n’a pas de fonction, on est en droit de se poser la question : d’où vient-elle ???
Je ne vais pas pouvoir répondre avec certitude à cette question. Je continue d’essayer de comprendre. Certains aspects n’ont pas été abordés dans cet article et le seront plus tard. Voici quelques pistes :

  • L’homo erectus n’est peut-être pas pour rien dans l’affaire. Le corps humain, pour permettre la marche debout, a évolué d’une manière peu favorable à un accouchement facile (taille et position du bassin, du squelette en général et de la musculature)
  • L’attachement (évoqué plus haut) : le petit d’homme est une proie facile pendant plusieurs années. Il a besoin de protection. Et donc de l’attachement de sa mère et de l’ensemble de la tribu.
  • Le neocortex est le seul responsable et avec lui, le conditionnement et la peur.
  • Attention supposition : la  douleur résulte d’une lutte contre un sphincter qui s’ouvre. En effet, si l’on considère qu’un sphincter est un muscle circulaire situé autour d’un conduit naturel et dont la contraction permet de fermer partiellement ou totalement un orifice, alors, le col de l’utérus est bien un sphincter. Et lutter contre l’ouverture d’un sphincter peut être très douloureux. Dans le cas présent, la puissance des contractions est telle que lutter contre cette ouverture provoque des crampes douloureuses.

NB : il est bon de rappeler qu’en général, se détendre et laisser ses sphincters s’ouvrir nécessite un minimum d’intimité … à bon entendeur …
Pour partager le ressenti de femmes ayant fait le choix d’un accouchement à domicile à cause du protocole sanitaire pendant le confinement de 2020, je vous invite à visionner le film de 28 minutes réalisé à l’époque « MERCI LE PANGOLIN ! ».
Il est certains que les femmes qui ont enfanté facilement et sans  douleurs n’en font pas la pub car elles culpabilisent. Elles laissent donc la parole à celles qui sont traumatisées par l’accouchement et qui ont besoin de raconter pour évacuer. Et peut-être aussi, comme cela se pratique depuis de nombreux siècles, besoin un peu cynique de dire à celles qui enfanteront “Tu vas voir, c’est affreux … “

4 • Cette douleur de l’accouchement est elle une fatalité ?

Nous sommes donc conditionnées à enfanter dans la douleur.
Depuis le début du XVI ème siècle pourtant, nombreuses préparations à l’accouchement plus  ou moins nocives sont proposées aux mamans : sédatifs, narcotiques, alcool… puis au début du XIX ème siècle, l’usage des anesthésiques se répand (éther, protoxydes d’azote, chloroforme ) avec le plus souvent des effets délétères, passés sous silence.
Le premier à remettre cette fatalité en question, en France, fut le Docteur Fernand Lamaze. Ayant consacré toute sa carrière de médecin à chercher comment améliorer le sort des femmes en travail, c’est de retour d’un voyage en URSS qu’il développe sa méthode, appelée la méthode de l’accouchement sans douleur – ASD – en France  ou méthode Lamaze ailleurs dans le monde. NB : Pour en apprendre un peu plus sur cette méthode, offrez-vous « FAUT PAS POUSSER! » 🙂
En URSS, celle-ci était basée sur le conditionnement et inspirée des travaux de Pavlov. Pour Lamaze, qu’importe que l’on s’inspire d’un processus jusqu’ici expérimenté sur des animaux ; tant  que la recherche sert la cause, il faut essayer.
De retour de son voyage et ayant assisté à un ASD, Fernand Lamaze se lance dans la recherche, l’expérimentation, la théorisation. A la clinique des Bluets, toute l’équipe, de la dame de la réception au personnel de cantine, est mise à contribution. Car le docteur est formel : toute source de stress peut anéantir les mois de préparation de la maman.
Après avoir essuyé beaucoup de moqueries, d’insultes et de menaces, Fernand Lamaze rencontre finalement le succès. Des médecins du monde entier viennent se former à se méthode et toutes les femmes de Paris veulent accoucher aux Bluets.
Le docteur Lamaze est mort à l’âge de 66 ans. Sa recherche sur l’accouchement sans douleur a été le fil rouge de sa vie.Sa méthode a rencontré beaucoup de succès jusque dans les années 1970.
Plus d’infos sur l’article Wikipédia consacré à  l’accouchement sans douleur.
Pourquoi cette méthode est-elle tombée en désuétude ?

  • La généralisation de l’anesthésie péridurale : plus simple, plus rentable que la préparation à l’accouchement, solution de facilité pour les mamans, elle remporte le suffrage
  • La méthode de l’accouchement sans douleur venait de l’est, des communistes. Lamaze était communiste. La clinique des Bluets la propriété du Parti communiste et financé par le syndicat de la métallurgie… cela a put, pour l’Ouest, être une raison suffisante pour faire autrement.

La faute au conditionnement !

Je suis le chemin de l’histoire. Mes lectures sont guidées par les questions que je me pose au fil de mon travail d’écriture. J’ai commencé à m’intéresser au conditionnement “biblique” il y a plusieurs mois.
TU ENFANTERAS DANS LA DOULEUR … Ite missa est. La messe est dite.
NB : tout ce paragraphe concerne nos sociétés judéo-chrétiennes. Pour les populations ayant échappé à la sentence “mono-divine”,  l’accouchement se passe en moyenne plus facilement que chez nous …


Sans être féministe, je me suis demandé tout de même pourquoi une telle sentence. Puis au fil de mes échanges et rencontres, j’ai pris conscience d’une évidence : la femme a le pouvoir suprême d’être sûre de sa descendance. (Sauf erreur de tube dans le cas d’une PMA, risque apparu assez récemment 🙂 Tandis que l’homme ne peut jamais avoir la certitude que ses enfants sont bien de lui (sauf test de paternité … réponse nouvelle à l’échelle de l’histoire de l’humanité 🙂
Donc la femme SAIT qu’il s’agit bien son de enfants sous la couronne et sur le trône ; tandis que l’ex roi soupçonne qu’il s’agit du fils du palefrenier. Partant de ce postulat, il était logique que l’homme s’octroie tous les autres pouvoirs, frustré de n’avoir pas celui d’enfanter.

Cela fait donc un sacré bout de temps que, dans les sociétés judéo-chrétiennes, les femmes doivent accoucher selon des consignes et dans des positions imposées, dans une situation très éloignée de celle qui respecterait les besoins de base de la femme en travail selon Michel Odent. Voir ci dessous
Sachant que pour bien accoucher, il faut avant tout de l’intimité, une déconnexion du neocortex accompagné d’une grosse dose d’Ocytocine naturelle, je crois bien que depuis Abraham, c’est tout simplement impossible.

Et si on se déconditionnait ?

J’introduis ici ce qui fera l’objet d’un prochain article.
Faire le choix de se passer de la médecine et notamment de la péridurale est-il un retour en arrière ?
Certains diront “et pendant que tu y es, on peut aussi retourner dans les cavernes”… Je pense au contraire qu’il s’agit d’une révolution avant-gardiste, d’un potentiel de progrès immense pour l’espèce humaine : que la naissance se passe dans le plus total respect de la mère et du bébé, car c’est bien du bébé qu’il s’agit ; lui qui donne le tempo, lui qui connait le chemin, lui qui vient au monde. Et que la femme reprenne ses droits sur son corps, découvre la confiance et la puissance, dise Fuck à l’obstétricien autoritaire qui veut lui faire croire qu’elle est incompétente, et surtout, surtout, se bouge les fesses pour vivre, une fois dans sa vie, un moment intense, fort, sans édulcorant, sans questions, sans doutes, juste Hic et nunc – ici et maintenant.

Et il y a toutes celles qui y échappent 🙂

Et oui, certaines échappent à la douleur. J’en ai rencontré dont l’accouchement, pour un premier bébé, n’avait duré qu’une heure et demi et laissé aucun souvenir de douleur, seulement d’intensité. Et puis il y a The Farm, communauté hippie américaine qui a vu naître trois génération de bébé et dont les femmes ont évoqué avec la certitude qu’accoucher était une chose facile, naturelle, et souvent indolore. Et puis il y a tous ces peuples autarciques qui laissent leur femmes seules pour enfanter. Dans le plus parfait respect des besoins de base de la femme qui accouche. Et puis il y a même celles qui enfantent en dormant. En dansant, en riant, en se promenant. En seulement quelques minutes. Lire à ce propos, le livre d’Ina May Gaskin 
Et alors ? leur corps est-il différent du mien ?
Pour vivre un bel accouchement physiologique, faisons confiance à la vie.

Conclusion

Je n’ai pas eu peur, je n’ai pas souffert. J’ai juste eu mal. Sans doute trop pour cause de Neocortex au taquet. Mais plus je lis de récits de naissances en structure, et plus je suis heureuse, tellement heureuse, d’avoir suivi mon instinct et mis au monde mes enfants sans contraintes. C’était merveilleux.

Chacune son chemin. Mais il faut le choisir.



Image de l'auteur
Nina Narre

Je suis maman de 3 garçons nés à la maison, et réalisatrice de documentaire. La sortie de mon film FAUT PAS POUSSER ! en 2021 à sonner le départ d'une nouvelle vie professionnelle entièrement tournée vers la naissance.

12 réactions sur “ Enfantement, douleur ou voyage ”

  1. Nina Narre Auteur ArticleRéponse

    Hello les amis !
    Si vous avez lu cet article, si vous l’avez aimé, dites le moi ! ça me donnera de l’énergie pour écrire les suivants. Et PARTAGEZ ! Ce serait le top du top !
    Merci beaucoup et que la force soit avec vous 😉

  2. Marascalchi Julia Réponse

    Merci pour cet article, très bien écrit ! Belle recherche sur la complexité de la douleur !!
    Je suis à quelques jours d’accoucher et c’est encore un texte qui me conforte dans le désir d’accoucher dans le cocoon de ma maison ?

    • Nina Narre Auteur ArticleRéponse

      Merci beaucoup Julia,
      C’est formidable de savoir que mon travail n’est pas vain.
      Je vous souhaite un bel accouchement. Confiance et accueil.
      A bientôt de vous lire
      Nina

  3. Karine Réponse

    Super bien écrit. Maîtrise totale du sujet. Un grand bravo pour ce magnifique premier article.

    • Nina Narre Auteur ArticleRéponse

      Merci beaucoup ! ça me fait très plaisir et me donne des ailes pour en écrire d’autres … j’ai déjà plein d’idées 🙂

  4. Céline Réponse

    “Mais pourquoi faire le choix de la douleur ?”
    C’est marrant, quand j’ai vu les premiers bébés de copines naître autour de moi (et qu’elles me racontaient leur accouchement), je me suis plutôt demander : “Mais pourquoi aller au casse-pipe ? Si tu mets un pied à la maternité, tu t’en sortiras au mieux avec une épisio, au pire………”.
    Pour moi, accoucher en structure hospitalière était synonyme de cascade de gestes iatrogènes et pour m’en protéger, la solution était d’accoucher chez moi. Du coup, je ne me suis pas trop posée la question de la douleur d’autant plus que les femmes accouchent naturellement depuis des millénaires alors pourquoi pas moi ? En respectant mon intimité, mes besoins, mon rythme, en étant accompagnée par MA sage-femme, je pensais que les sensations seraient supportables.
    Bon, je me suis une grosse baffe 🙂
    Autant tout ce que je pensais s’est avéré positif pour le déroulement de l’accouchement (physiologie respectée) autant pour la douleur, j’étais à côté de la plaque car c’était sans compter sur mon cerveau qui, à aucun moment, n’a réussi à se débrancher… j’étais si crispée qu’il n’y avait pas de vague, la douleur restait même quand la contraction était terminée. Ce fut un calvaire.
    Aussi, je devenais mère et c’est à ce moment précis que j’en ai pris toute l’importance. Des tas de peurs se sont donc accumulées, polluant ainsi mon cerveau… De plus (ou devrais-je dire et c’est pourquoi), l’accouchement a duré 24h, ce temps a eu raison de mes convictions.
    J’ai donc demandé à être transférée, je voulais la péri. Bien sûr, j’étais à 10 à ce moment là (phase de désespérance), il n’était plus question de partir et quand j’ai su que mon bébé arrivait, toute la douleur est partie. Moment incroyable. Comme quoi le cerveau…….

    Pour mon deuxième accouchement j’étais encore bourrée de peurs même si je n’allais plus vers l’inconnu. La grossesse qui faisait suite à deux fausses-couches et qui avait fini par être pathologique (grosse anémie traitée en urgence au 8ème mois de grossesse), avait été anxiogène. Je n’avais pas pu mettre de côté toutes ces peurs avant d’accoucher, en revanche, j’étais mieux préparée pour accompagner les contractions et à aucun moment, je n’ai eu envie d’aller à la maternité pour avoir la péri. J’ai eu très mal mais je l’ai exprimé (en vocalisant) contrairement à mon premier accouchement où j’étais prostrée et muette. Je ne l’ai donc pas vécu dans la souffrance ! De plus (ou devrais-je dire “et donc” 😉 ) cela a été plus court que le premier (14h contre 24h ce qui fait quand même la différence niveau fatigue).

    Pour mon troisième accouchement, j’avais fait du yoga prénatal, j’avais encore plus lu, je me sentais confiante. L’accouchement s’est passé en 4H d’intensité, les seuls moments où j’ai eu mal c’est quand j’ai eu peur ou que je n’ai pas pu prendre les positions que je voulais. Cela reste un souvenir merveilleux.

    Enfin quatrième et dernier accouchement : après deux ans de yoga du son, j’ai plongé sans peur dans cet accouchement express (2h), je laissais l’intensité m’envahir et l’accompagnais de mes sons graves. Je souriais, ouvrais ma bouche, penchais ma tête en arrière, me décontractais complètement.
    Des sensations de dingues. L’expérience la plus incroyable de toute ma Vie.
    Je reconnais qu’il fallait oser y aller, c’est vraiment extrême, je n’aurais jamais pu faire ça pour mon premier accouchement… et je comprends les femmes qui n’ont pas envie d’y aller.
    C’est seulement dommage pour elles, elles loupent une expérience qui change à tout jamais ! Sentiment de super-puissance et… d’accéder à la Source…

    Il m’aura fallu tout un cheminement pour y arriver. Je n’ai pas connu ça dès mon premier accouchement alors qu’intuitivement je savais qu’on pouvais le vivre et je le regrette, mais c’est comme ça, c’est mon histoire.
    Cela m’a énormément enrichi et surtout je comprends les femmes qui trouvent que l’accouchement est une épreuve difficile voire traumatisante.

    MERCI beaucoup pour cet article qui m’a fait couler beaucoup d’encre 🙂
    Il est très bien écrit et l’interview de Michel Odent est un trésor !
    Vivement la suite 😉

  5. Célia Réponse

    J’aime beaucoup lire alors quand je découvre que Nina Narre écrit des articles je saute sur l’occasion !
    Et je ne suis pas déçue !
    Merci pour tout ce travail que tu fais.
    Je suis Doula et je suis convaincue que les naissances ont un impact vraiment important sur notre société.
    Il est tant de changer de lunette, de reprendre le pouvoir et la puissance que les femmes ont toutes en elles.
    Hâte de lire d’autres articles !
    Belle continuation à toi 💪

    • Nina Narre Auteur ArticleRéponse

      Merci beaucoup 🙂 pour ces mots et pour ce que tu apportes aux mamans et aux bébés et aux papas !
      Si tu cherches des lectures, tu peux faire un tour sur la boutique du site … il y a mes livres 🙂
      #autopromo
      Belle journée et merci d’être là !

  6. Valérie R Réponse

    C’est motivant de lire cet article à un mois de mon terme. J’ai déjà accouché de manière physiologique il y a 3 ans, avec fierté. Mais je garde un souvenir intense de la douleur qui m’a semblée indescriptible tellement c’est prenant. J’étais fatiguée d’avoir mal, je voulais juste dormir. Enfin bref.
    De nouveau enceinte, je veux de nouveau accoucher naturellement en étant davantage connectée à mon bébé cette fois. Et plus à l’écoute de mon corps. Je découvre alors le film documentaire « Faut pas pousser » qui ne fait que confirmer mes convictions. J’en deviens même militantrice : les femmes doivent retrouver le pouvoir sur leur propre corps !!
    Puis le terme approche, bébé grossi et cette fois je me mets à angoisser car je SAIS l’intensité de la chose. Il suffit que je sois fatiguée quand j’y pense pour me dire que ça va être dur dur… alors je me reprends en main. Apprendre à lâcher prise, lire des témoignages de naissance positifs, lire cet article sur la douleur, prevoir un cours de sophrologie avec ma sage-femme et … me reposer aussi. J’ai aussi préparer de mantras pour ne pas oublier la ligne directrice de mes convictions et de mes choix.

    Merci pour cet article qui tombe à pic pour me rebooster.

    Merci Nina pour tout ce que tu fais, c’est précieux…

  7. Joelle Réponse

    Une intervention vraiment intéressante qui vient confirmer une forme de vérité universelle que j’ai ressentie en moi a chacun de mes enfantements. La nature sait. J’ai eu l’impression dans mes accouchements 2 et 3 de remettre mon corps entre les mains de la vie, de lâcher prise en me disant « tu sais quoi faire, je m’en remets à toi », et je sentais mon corps lâche, porté, j’ai eu l’impression d’être en transe, d’avoir dormi, j’ai même des trous noirs quant au déroulement. Mes enfantements ont été des moments d’extrême humanité, avec la sage femme, avec le papa, ou avec ma propre mère qui a été la seule personne présente pour bebe3.
    Ce mois-ci bébé4 arrive, et j’ai une forme d’impatience en moi. Accueilli en couple, dans le lieu de sa conception, il aura son histoire, un souvenir à jamais mémorable pour le papa et moi. Je me mettrai dans ma bulle, contacterai la femme sauvage en moi, et me remettrai encore une fois entre les mains de la nature, de la vie, qui me rendront actrice d’un enfantement respectueux de notre enfant, de mon magnifique, merveilleux et infiniment puissant corps de femme.
    Merci Ninanarre pour tout ton travail, tes recherches, ton investissement, ton énergie, ta bienveillance. Une sacrée mission de vie qu’est la tienne… pour le grand bonheur de femmes qui grâce à toi écrivent leur histoire au lieu de laisser la plume à d’autres.

  8. Bertholom Réponse

    Je te souhaite d écrire et d écrire encore ,je te lis et je trouve tellement de bienveillance dans ton récit, tellement de justesse. J espère que le France entière aura la chance de pouvoir voir ton documentaire ou lire ces récit . Je me suis sentie seule pendant tellement longtemps et enfin te voilà qui crie haut et fort se que je revendiquait auprès des maternité. Merci .

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